Syntiche, 26 ans à Libreville, « Natural Afro Hair Is Beautiful »

Syntiche, jeune naturalista de 26 ans vivant à Libreville, « bien dans ses baskets », très à l’aise avec ses cheveux afros au naturel, pourquoi l’interviewer ? Et bien tout simplement parce que son style détonne là ou la plupart des femmes préfèrent le lissage, les tissages, et les perruques. Et aussi parce qu’il faut bien le reconnaître, nous ne connaissons pas grand chose de la vie d’une jeune femme africaine vivant en milieu urbain sur le continent. Et lorsqu’en France les médias parlent de l’Afrique c’est souvent pour montrer ce qui ne va pas, sous un angle misérabiliste ou compassionnel. Point de cela ici ; comme pour Tammy 29 ans, issue de la diaspora, et vivant à Haïti nous essayons d’en savoir plus sur la vie d’une jeune femme noire brillante, vivant quelque part dans le monde. Voici donc Syntiche, jeune et truculente gabonaise, tête bien faite et bien pleine, aux pointes d’humour affûtées.

Wassou De Provence : Etes vous déjà venue en France, ou êtes vous déjà allée visiter un pays francophone ?

Syntiche Oyono : Non

WDP : Connaissez vous des artistes ou des personnalités françaises, artistiques, sportives, ou autres que vous appréciez ?

SO : Oui bien sûr, beaucoup !

WDP : Pourriez vous nous en citer quelques un ?

SO : Waouh ! Des naturalisés ça compte ?

WDP : Pourquoi pas, ceux qui vous viennent à l’esprit, 2 ou 3 …

SO : J’ai beaucoup aimé La Fouine, Stromae, Singuila dans ma jeunesse (rires).
Actuellement j’aime Tayc, Dadju. En politique, j’ai apprécié Jean Luc Mélenchon et une Franco Gabonaise Danielle Obono. En influenceurs Cheveux que j’aime beaucoup : Naturally Yayou, Sally.

WDP : Pouvez vous nous dire comment vous vivez le fait d’être une femme au Gabon, la parité Homme/Femme est ce quelque chose qui vous sensibilise ? Vous sentez-vous bien dans votre vie de tous les jours ? Au travail par exemple, les femmes peuvent elles évoluer au même rythme que les hommes ?

SO : Je le vis très bien. Le Gabon prône hautement l’égalité des genres et la promotion de la femme dans tous les domaines. Le Gabon a d’ailleurs rejoint le mouvement mondial HeForShe et a lancé des campagnes d’engagement d’égalité et des rappels des lois pénalisant les violences et harcèlements faits aux femmes. Les candidatures féminines sont très encouragées dans les appels d’offres d’emploi et des projets.
Même si plusieurs femmes témoignent toujours de violences et de harcèlement en milieu familial et professionnel, les efforts consentis des associations, de l’Etat et de plusieurs hommes d’ailleurs sont encourageants et donnent de l’espoir de meilleurs statistiques d’égalité dans la décennie à venir.

campagne de prévention contre les violences faites aux femmes dans le cadre de HeForShe au Gabon

WDP : Très bien, tout cela est parfait et encourageant. Une belle initiative que nous saluons ! A présent revenons en à vous : vous arborez une superbe coiffure afro au naturel. Pourtant sauf erreur, il nous semble qu’en Afrique les défrisages et tissages sont la majorité des coiffures adoptées par les femmes. Êtes vous nombreuses à Libreville à adopter le Natural Hair ? Et qu’est ce qui vous a amener à choisir ce style ?

SO : Nous ne sommes pas nombreuses malheureusement. Mais davantage de femmes désirent revenir au naturel mais ont peur de sauter le pas. Alors nous qui en portons essayons chaque jour de montrer la beauté du cheveu afro et en comment prendre soin. Nous espérons gagner plusieurs.

WDP : Vous a -t- on déjà dit que cela ne fait pas très sérieux, et nous aimerions aussi savoir si les garçons Gabonnais apprécient que les filles portent leurs cheveux crépus au naturel ou au contraire sont ils plus attirés par l’effet cheveux lisses ?

SO : Il y a en ce moment une dynamique de recherche de l’identité africaine et une remise en question des cultures occidentales. Ainsi nous les Naturals Girls sommes très valorisées et encouragées même par celles qui ont des cheveux défrisés ou qui n’assument pas leur cheveu et se cachent dans des perruques. Si une remarque désobligeante sort d’une africaine à propos de ses cheveux, elle sera très vite lynchée. Donc, les remarques négatives sur nos cheveux, j’avoue, n’existent pas.

En ce qui concerne les garçons on sait tous qu’ils se fichent de ce que les filles ont sur la tête. Je crois qu’on peut être d’accord là dessus. Mais pour répondre à votre question, je dirai que les garçons comme les filles sont victimes du système de standardisation de la beauté et de la coiffure. L’internationalisation et le culte du cheveu lisse. Si on avait montré aux filles et aux garçons depuis leur jeunesse, et si les médias leur montraient que les cheveux crépus sont beaux, leur présentaient les dix milles façons dont ils peuvent être portés et sublimés, ils n’auraient pas eu d’autre choix que de s’aimer tel qu’ils sont.

Disons que les garçons aiment mais ils savent pas quoi en dire. Ils mettent leur mains dedans s’il s’agit d’un couple et ne disent pas que ça glisse comme le cheveu lisse (rires). Ils ne disent rien car eux aussi apprennent à ré apprécier le cheveu afro au naturel.

WDP : Pouvez vous nous partager les secrets de votre routine capillaire ?

SO : Si je vous le dis c’est plus un secret alors (rires). C’est une réplique de cinéma(rires), j’aime bien le dire. Bref.

WDP : Bien joué !

SO : Les secrets de ma routine Capillaire sont :
1- La connaissance de mes cheveux : dès le départ je savais que je ne pouvais pas avoir la même routine qu’une autre alors j’ai toujours cherché à connaître mes cheveux en testant plusieurs routines et produits. J’observe comment ils réagissent et je m’adapte. Je sais que je ne peux pas être comme une fille bouclée, frisée ou ondulée au risque de m’abîmer les cheveux.

2- Les poudres indiennes : mes cheveux ont aimé et validé. Alors je m’en sépare plus.

3 – L’amour pour mes cheveux : une année j’ai détruit mes cheveux en les lissant pour aller à une soirée et j’ai perdu mon volume et ma texture s’est confondu. J’ai compris que j’avais peu d’estime pour mes cheveux puisque je ne pouvais pas les assumer à une soirée ou un rencard parce qu’ils n’avaient pas leur place là bas.
Quand ils étaient trop emmêlés, je coupais tous les noeuds et je restais avec des cheveux courts. Je me suis même coloré les cheveux car j’aimais pas leur couleur.
Après toutes ces expériences j’ai compris que j’avais besoin d’aimer réellement mes cheveux tels qu’ils étaient et depuis on vit une belle histoire et on impacte notre environnement.

WDP : Trouvez vous dans les commerces Gabonnais une offre satisfaisante en produits de qualité ?

SO : Oui. Plusieurs marques françaises et américaines très plébiscitées comme Shea moisture, sont importées chez nous donc on peut en profiter. De plus, les marques locales qui certes se font encore leur place dans le panier capillaire des Naturals Girls proposent de produits faits mains de très bonnes qualité. Donc on n’a pas à se plaindre.

WDP : Pourriez vous donnez à nos lectrices un ou des lieux à visiter pour celles qui auraient la chance de venir à Libreville ?

SO : J’avoue que je suis très casanière (rires). Donc je ne sors pas beaucoup.

WDP : Pas nécessairement un lieu de clubbing mais peut être une place, une rue, ou autre endroit où vous aimez aller, où vous vous sentez bien ?

SO : Il y a des coins que je peux recommander : La Baie des Tortues, la pointe Denis.
Il y a d’excellents restaurants aussi comme le Phare du large, la Lanterne, l’Odika, les Caps Santa Clara et Esterias. Je peux m’arrêter là (rires).

Je recommanderais aussi de suivre les blogueurs gabonais spécialistes de l’art de vivre au Gabon comme Uriel Abaga, La p’tite Dame, Aude Sharys, Le Journal Émeraude. Ils proposent de bons plans. Franchement, je crois que j’aurai même du commencer par là (rires).

Un lieu de Clubbing ? En ce moment, le club qui buzz est le LIGHTS et un restaurant qui fait fureur c’est le Entre nous bar. J’y suis jamais allée mais tout le monde en parle.


La Baie des tortues

La Pointe Denis

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